vendredi 13 avril 2012

Action santé Outaouais appui le mouvement de grève étudiante contre la hausse des frais de scolarité et est en faveur de la gratuité scolaire

En imposant la hausse des droits de scolarité, tout en affirmant que les étudiants doivent faire davantage leur part, le gouvernement Charest s’attaque au droit à l’éducation tel que formulé par les instruments internationaux de défense des droits humains et manifeste une volonté claire d’imposer la logique marchande de l’utilisateur-payeur. 
L’éducation est un droit
Comme le rappelait récemment la Ligue des droits et libertés du Québec, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, dans son Observation générale no 13, que : « L’éducation est à la fois un droit fondamental en soi et une des clefs de l’exercice des autres droits inhérents à la personne humaine. »
Pour Action santé Outaouais, le droit à l’éducation est donc indissociable du droit à la santé, car selon l’article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques sociaux et culturels (PIDESC), «… l’éducation vise le plein épanouissement de la personnalité humaine et du sens de sa dignité ».
Rappelons que le Québec adhère depuis 1976 au PIDESC, ce qui ne va pas sans obligations. En outre, en matière du droit à l’éducation le Comité des droits économiques, sociaux et culturels  demande que l’enseignement primaire, secondaire et supérieur soit accessible et gratuit.
Honteusement, les gouvernements québécois qui se succèdent depuis la signature du PIDESC par le Québec vont dans le sens contraire en augmentant les droits de scolarité et en laissant les frais de gestion et administratifs se multiplier.
Nous assistons actuellement à une augmentation de la vitesse de destruction de notre système public d’éducation et Action santé Outaouais demande au gouvernement du Québec de stopper la marchandisation de l’éducation et de respecter ses engagements en matière de droits internationaux.
La gratuité scolaire du primaire à l’université : c’est possible!
La gratuité scolaire est accessible, c’est une question de volonté politique. La Finlande en est la preuve. Pourquoi continuer à se fermer les yeux sur le fait que l’un des meilleurs systèmes d’éducation au monde (Finlande) est non seulement un système public, mais gratuit de surcroit.
La gratuité scolaire exige de la part des États qui font ce choix de sortir d’une vision individualiste et clientéliste de l’éducation. Elle commande de reconnaître l’éducation, comme partie prenant de notre bien commun et collectif, de la voir non pas comme une dépense, mais bien comme l’un des meilleurs investissements qu’un gouvernement peut faire pour créer une société juste et épanouie. 

vendredi 30 mars 2012

Débrayage spontané des préposés-es aux bénéficiaires du CHSLD Le Foyer du Bonheur à Gatineau

Une trentaine de préposés-es aux bénéficiaires du CHSLD Foyer du Bonheur, un centre d’hébergement pour aînés sur le territoire du CSSSG, ont débrayé spontanément, le 4 mars dernier, lorsqu’ils ont constaté qu’il manquait quatre préposés-es pour répondre aux tâches de la journée. La surcharge de travail ainsi que comment cela affecte les soins aux aînés, un problème qui perdure et qui se détériore depuis de nombreuses années, était au coeur de leur action. Ces surcharges de travail mènent, entre autres, au surmenage et à l’épuisement professionnel, et affectent les soins prodigués aux aînés à qui les préposés veulent assurer les meilleurs soins dans la dignité de tous. Les préposés ont ainsi affirmé qu’en tant que travailleurs qui prodiguent des soins essentiels à une société moderne et en tant qu’intervenants de première ligne, ils ont un mot à dire sur la qualité des soins donnés ainsi que sur les conditions dans lesquelles elles sont données, les deux étant indissociables.

Les préposés ont ainsi audacieusement contrecarré la tendance de l’élite économique et politique à vouloir poursuivre leur désinvestissement dans le réseau public de santé et le renforcement du secteur privé des soins à but lucratif. En agissant, ils font la sourde oreille à tous ceux qui sont affectés par cette détérioration, y compris les patients et les familles des patients elles-mêmes. Certains, en plus de faire la sourde oreille, passent à l’offensive pour faire taire toute critique de leur système. En février, un dirigeant du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf - le premier centre d’hébergement et de soins de longue durée à être construit au Québec en Partenariat Public-Privé - a eu recours aux tribunaux pour réclamer 400 000$ à la fille d’une résidente qui avait critiqué les soins offerts par l’établissement. Il s’agirait de la première poursuite-bâillon (SLAP) en santé au Québec.

Aussi, les administrateurs de la santé publique n’ont pas attendu pour condamner l’action des préposés de Gatineau. La ministre responsable des aînés, Marguerite Blais, en visite dans l’Outaouais, a refusé de discuter de “la question des ressources humaines” dans les CHSLD de la région. Elle a par contre désapprouvé la manifestation spontanée des employés en disant qu’elle ne pense pas qu’on doit “prendre les aînés en otage”. Mme Blais croit qu’il y a “d’autres lieux que le CHSLD pour revendiquer”. Il est pourtant difficile d’imaginer quel lieu serait plus approprié pour exiger un personnel adéquat que l’endroit même où le problème se pose, d’autant plus que les “autres lieux”, sans doute les périodes de négociation et l’existence de comités paritaires employés/employeurs, font face à la même intransigeance.

Les gouvernements prétendent qu’une fois élus ils sont tenus de représenter “le peuple dans son ensemble”, mais à l’exception, de toute évidence, des femmes, des jeunes, des aînés et des travailleurs en général. Ceux-ci, par contre, assument leur responsabilité sociale, là où les gouvernements refusent de le faire, et veillent ainsi à la défense des droits de tous, ce que les gouvernements ont abdiqué de faire.
Pierre Soublière

jeudi 22 mars 2012

Transfert canadien en matière de santé (TCS): pour mieux comprendre les enjeux en 2012

Le Transfert canadien en matière de santé, c’est quoi?
  • transferts par le gouvernement fédéral aux provinces d’espèces et de points d'impôts ;
  • la loi actuelle assure aux provinces un financement stable des soins de santé depuis 2004 et jusqu’en 2014, à condition de respecter la Loi canadienne sur la santé ;
  • est calculé en fonction d’un montant par habitant ;
  • représente environ 20% du budget total en santé de chaque province.
Que se passe-t-il normalement lorsqu’une entente de TCS prend fin?
  • Normalement, les provinces négocient avec le gouvernement fédéral une nouvelle entente qui stipule les niveaux de financement annuel et les conditions d’octroi par le fédéral.
Qu’est-ce qui s’annonce pour la fin du TCS actuel en 2014 ?
Le gouvernement de Stephen Harper a annoncé en décembre 2011 qu’il n’y aura pas de négociations avec les provinces pour déterminer les niveaux de financement du Transfert canadien en matière de santé à partir de 2014. À la place :
  • il prolongera de trois l’entente actuelle, qui autorise une augmentation annuelle de 6%, jusqu’en 2017 ;
  • il modifiera ce taux d’indexation à partir de 2017 et le fixera en fonction du taux de croissance de l’économie canadienne (le PIB, produit intérieur brut) ;
  • il ne fera plus d’ajustement des sommes transférées à chaque province en fonction des revenus perçus par chacune, un ajustement qui favorisait les provinces moins nanties.
Quelles seront les conséquences pour le réseau public de santé au Québec et au Canada?
  • la contribution fédérale au financement des soins de santé au Québec tombera en dessous du 20% du total;
  • Selon des prévisions optimistes, le taux d’augmentation annuel de la contribution fédérale tombera à environ 4% ;
  • le gouvernement du Québec devra compenser cette perte à même son propre budget. Viendra-t-il piger dans nos poches pour le faire? Et si oui, le fera-t-il de façon équitable, ou plutôt par des moyens régressifs comme une augmentation de la taxe santé ou le retour de la franchise santé?
  • La mise à l’écart de la Loi canadienne de la santé, ce qui rendra la protection de la Loi québécoise sur les services de santé et les services sociaux d’autant plus importante.

François Marchand, coordonnateur 
Maureen McMahon, militante

mercredi 22 février 2012

Liste d’attente et chirurgies dans le privé: L’incitation du système public vers le privé est une pratique qui semble se généraliser

Gatineau, 22 février 2012-   Suite à la sortie fracassante du ministre Bolduc dénonçant les chirurgiens qui inciteraient leurs patients avoir recours aux services privés, François Marchand, coordonnateur d’Action santé Outaouais, affirme que cette pratique doit être dénoncée. Toutefois, il tient à rappeler à M. Bolduc, que son gouvernement étrangle le système public en le sous finançant et force les hôpitaux à fermer bon nombre de salles d’opération, ce qui ralenti énormément le travail des chirurgiens du secteur public.

Selon une récente enquête menée par le comité des Sans Médecin d’Action santé Outaouais, il y aurait une tendance généralisée des professionnels du réseau à pousser les patients vers le système privé. En effet, lors de notre enquête de nombreux citoyenNEs ont signalé que, soit leur médecin, soit la ligne InfoSanté, ou bien l’hôpital les ont redirigés vers des établissements privés, soit pour des mammographies, des échographies (160 $), des Pap test (dépistage du cancer du col de l'utérus) à faire en Ontario (très cher, mais remboursé plus tard en partie par la RAMQ), des cliniques privées pour les bilans de santé (450 $), de la physiothérapie privée plutôt que publique et aussi de la psychothérapie, ces deux derniers champs de pratique étant largement privatisés depuis longtemps.

Les pratiques évoquées par le ministre Bolduc ne nous étonnent en rien et démontrent une fois de plus que le privé n’est jamais au service du public, mais bien à son propre service. Résultat : on se retrouve aujourd’hui avec un système qui génère des iniquités d’accès flagrant entre les pauvres et les biens nantis. Et en plus, rien ne démontre que la population pourrait y gagner en qualité de soins. Tout le monde y perd.

Des solutions existent : C’EST UNE QUESTION DE CHOIX

Lorsque l’on parle de financement des soins de santé, il ne faut jamais oublier qu’en fin de compte, c’est toujours le patient qui paye, soit via les impôts sur le revenu ou via sa carte de crédit. À Action santé Outaouais nous croyons fermement que le financement des services publics, tel que l’éducation et les soins de santé, devrait être pris totalement en charge par l’État, via les impôts sur le revenu. C’est la façon la plus juste et efficace afin d’assurer un accès pour tous les citoyens, peu importe leur condition sociale. François Marchand ajoute que s’il le voulait, le gouvernement du Québec pourrait choisir d’offrir 100% des services médicalement requis via un financement public, incluant l’ensemble des chirurgies, les soins psychologiques, les soins de médecine dentaire, etc. Un tel choix mettrait fin aux injustices créées par la logique marchande qui se déploie insidieusement dans le réseau de la santé. La santé n’est pas une marchandise, c’est une question de choix.  

mardi 14 février 2012

Le président du CSSSG serait-il ouvert à la privatisation du réseau de la santé?

Il y a quelques jours, nous apprenions que le président du CSSSG envisageait de se présenter comme candidat de la CAQ de François Legault dans la circonscription de Hull. Profitons-en pour jeter un coup œil sur le programme de la CAQ en regard de la place du privé dans le financement et la prestation des soins de santé.
“Le privé au service du public en santé.” Volià qui résume bien  la vision entrepreneuriale de la santé de la CAQ, qui n’hésite pas à ouvrir encore davantage la porte de la  privatisation des soins de  santé. Par exemple, Nous savons que les députés de la CAQ à l’Assemblée nationale, soient des anciens adéquistes pour la plupart, prône la mixité entre la pratique privée et la pratique publique des médecins, faisant ainsi sauté un des dernier remparts pour un système réellement public. Ils défendent aussi les coopératives de santé, modèle qui ne sert qu’à augmenter sournoisement les revenus des médecins sur le dos des communautés locales, particulièrement en Outaouais. 
Finalement, la CAQ propose de transformer la méthode de financement des établissements de santé, actuellement établi sur une base historique, en fonction du volume de services, ce qui est typiquement une méthode d’inspiration manufacturière. La CAQ de Legault propose donc de transformer nos établissements de santé, en usine de soins où la quantité primera sur la qualité, et ce, sans ce préoccuper des besoins de la population habitant sur le territoire. 

M. Bonneville serait-il ouvert lui aussi à encore plus de privatisation du réseau de la santé? Est-il en train de consolider ces mesures dans sa fonction actuelle? Nous voulons le savoir? 

François Marchand, coordonnateur
Christian Legeais, Président
Action santé Outaouais

jeudi 8 décembre 2011

Les soins de santé à Gatineau : la voix des citoyens entendues

Lancement du Rapport de l’enquête populaire sur les obstacles à l’accès au réseau public de santé à Gatineau


C’est aujourd’hui qu’a eu lieu le lancement du Rapport de l’enquête populaire sur les obstacles à l’accès au réseau public de santé à Gatineau par le comité des Sans-Médecin d’Action santé Outaouais.


         En conférence de presse aujourd’hui, trois membres du comité des Sans-Médecin, Emmanuel Dupont, Vincent Greason et Maureen McMahon, accompagné de Martha Jackman, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, ont présenté les principaux constats et recommandations tirés du rapport.

         Depuis 2009, le comité des Sans-Médecin d’Action santé Outaouais donne la parole aux usagers du réseau de la santé, particulièrement les plus démunis d’entre eux, en vue de mieux comprendre les obstacles d’accès aux soins de première ligne. Le présent rapport contient donc les résultats d’une enquête populaire menée par le comité de 2009 à 2011 auprès de 174 personnes, ainsi qu’une quinzaine de recommandations s’adressant autant à la société civile et aux éluEs, qu’aux décideurs et gestionnaires du réseau de la santé.

Ce que l’enquête nous a permis de confirmer

Sans surprise, 35% des participants à l’enquête ont déclaré ne pas avoir de médecin généraliste, dit de famille, et sont donc sans réelle porte d’entrée au réseau public. De plus, parmi les 65 % qui ont la chance d’avoir un médecin, 15 % consultent de l’autre côté de la rivière des Outaouais : cela signifie que 45 % des participants n’ont pas de porte d’entrée assurée dans le réseau de l’Outaouais et n’ont d’autres choix que les quatre alternatives suivantes : 1. se faire soigner à Ottawa; 2. tenter leurs chances aux cliniques sans rendez-vous; 3. les salles d’urgence des hôpitaux; 4. les cliniques à but lucratif.

Par contre, une part non négligeable des 65 % qui ont un médecin généraliste affirment avoir de la difficulté à obtenir des rendez-vous, et vivent souvent dans l’angoisse de perdre leur médecin, et ce pour des raisons très variées. Il est très clair que pour beaucoup de participants, la maladie n’est pas la seule condition d’accès aux soins; en effet, il faut aussi une bonne dose de contacts, et souvent les plus « futés » ou « fonceurs » ont un avantage marqué. De plus, la difficile accessibilité aux soins a obligé de nombreux participants à recourir à leur pouvoir d’achat afin de se faire soigner. Ces limites au droit à l’accès aux soins sont scandaleuses, inéquitables et injustes. En bout de ligne, il n’est pas surprenant que les participants à l’enquête n’aient donné au réseau de la santé qu’une faible note de 45 % en regard de l’accessibilité aux soins.

À propos de l’utilisation du pouvoir d’achat, nous avons reçu de nombreuses doléances concernant les secteurs de la santé à but lucratif (soins dentaires, soins oculaires, psychologie et physiothérapie). En effet, 30 % des participants ont déclaré n’avoir aucune couverture d’assurance dentaire (ni publique, ni privée). Il est permis de croire qu’une même proportion s’applique pour les soins oculaires, psychologiques, et de physiothérapie. Pas étonnant alors que plusieurs participants avouent négliger de se faire soigner pour des raisons financières.

Des constats nouveaux et préoccupants

Toujours dans l’univers des services à but lucratif, un nombre non négligeable de participants ont affirmé que soit la ligne Info-santé, ou l’hôpital, les ont redirigés vers des établissements privés dans le but de gagner du temps. Ceci est un signe sans équivoque de l’influence croissante du réseau privé de soins de santé au détriment du réseau public. Le fait que des employés du réseau public préconisent le réseau privé est d’ailleurs très inquiétant : doit-on croire que les employés reçoivent le message que les soins privés, inaccessibles à ceux qui n’en ont pas les moyens, sont une solution à recommander à tous les patients?

À propos de la qualité des soins reçus, les participants à l’enquête ont donné une décevante note de passage au CSSSG, soit 61% de taux de satisfaction. Plus précisément, nombreux ont été les participants à se plaindre de la qualité du geste médical de la part des médecins. Cette observation — déjà fort préoccupante — semble aller de pair avec les nombreuses doléances reçues sur les relations patients-médecins, les aptitudes relationnelles de ces derniers étant souvent critiquées. Parfois, leurs attitudes peu obligeantes peuvent blesser et fragiliser les patients déjà vulnérabilisés par la maladie : les témoignages furent nombreux en ce sens. En effet, si plusieurs nous ont parlé de pratique médicale expéditive, de manque de suivi, d’autres sont allés jusqu’à exprimer un manque de confiance dans le diagnostic, le traitement proposé, ainsi qu’un manque de confiance dans leur médecin pouvant mener à des relations tendues et peu productives.

Est-ce que les difficultés d’accès couplées avec une satisfaction mitigée de la qualité des services de première ligne expliqueraient que plusieurs participants à notre enquête ont dit « s’automédicamenter », ou qui abandonnent carrément leurs démarches pour obtenir des soins?

14 recommandations  

Une pièce importante de nos recommandations concerne la mise sur pied d’une clinique médicale multidisciplinaire entièrement publique, orientée sur la prévention et composée uniquement de salariés. Ce projet pilote serait un lieu d’expérimentation d’une série d’autres recommandations contenues dans ce rapport, comme la remise en question du paiement à l’acte des omnipraticiens et une répartition plus efficace des responsabilités qui ferait une place beaucoup plus importante dans le réseau public à d’autres professionnels aptes à assumer davantage de responsabilités en soins de santé primaire (première ligne), comme les infirmières, les dentistes (et hygiénistes dentaires), les psychologues, les sages-femmes, les physiothérapeutes, etc. Ce projet reste à être mieux défini en s’inspirant de modèles de réussite ailleurs au Québec, au Canada et dans le monde.

Nous croyons aussi qu’il est urgent d’amorcer, dès maintenant, une vaste réflexion sur l’apparente baisse de satisfaction et de confiance de la population envers la relation médecin/patient. Selon nous, une telle démarche peut être porteuse d’un germe de révolution dans l’organisation des soins de première ligne à Gatineau.

L’un des principaux obstacles soulevés dans ce rapport concerne la situation financière des patients comme déterminant de la santé. Pour contrer cet obstacle inadmissible dans une société solidaire, il faut s’engager dans une lutte radicale pour l’élimination de la pauvreté et pour une meilleure répartition de la richesse. Dans cet esprit, il faut élargir la couverture de l’assurance publique, qui est une forme très efficace de répartition de la richesse. C’est pourquoi nous considérons qu’une grande partie des soins dentaires devrait être ajoutée à la gamme des services médicaux déjà couverts par la « carte soleil ».

lundi 17 octobre 2011

Surmonter les obstacles pour l’accès au réseau public de santé


Au lendemain de la soirée de pré-lancement d’Action santé, le groupe Santé Outaouais 2020 annonçait qu’il souhaite voir la création d’un seul hôpital régional qui regrouperait sous son toit tous les spécialistes, ce qui, selon l’organisme, remédierait au manque de lits d’hôpitaux nécessaires pour soigner adéquatement la population. Santé Outaouais est constitué d’un groupe de médecins dont le président est le docteur Gilles Aubé. Selon ce dernier, une centaine de médecins ont signé le document en ce sens, lequel document sera soumis au vote mardi lors d’une assemblée générale des médecins, dentistes et pharmaciens du Centre de santé et de services sociaux de Gatineau (CSSSG). Jeudi soir, Action santé Outaouais mettait de l’avant en assemblée générale des recommandations dont celle d’une clinique médicale entièrement publique dans la région de l’Outaouais.

Les deux annonces ont ceci en commun qu’elles reconnaissent les sérieux problèmes qui tenaillent le système de santé dans l’Outaouais et mettent de l’avant deux propositions concrètes qui sont, selon leurs défenseurs, susceptibles de répondre davantage aux soins de santé de la population. Les réactions à l’annonce d’un “méga-hôpital” ne se sont pas faites attendre et étaient assez prévisibles. Les médias ont immédiatement “cité” un “spécialiste” qui a voulu conserver l’anonymat et qui prétend qu’une fusion des deux hôpitaux existants pour former un grand centre hospitalier est aujourd’hui “complètement utopique” et “irréaliste” sur le plan financier. La députée de Hull, Maryse Gaudreault, abonde dans le même sens mais avec un raisonnement un peu plus élaboré. Selon elle, il y a plus urgent. Ce qu’elle dit laisse songeur : “On parle d’un projet qui va être onéreux, qui ne pourrait peut-être pas voir le jour avant 2025, alors moi j’aimerais ça que le CMDP ( le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens) se penche plutôt sur les problèmes qui se passent aujourd’hui”. N’étant pas convaincue qu’un nouvel établissement “va régler les problèmes et améliorer les services”, elle met le CMDP au défi de se prononcer sur “la prise en charge des patients orphelins” et “les cliniques pour patients vulnérables”. Du même souffle, elle rappelle que des dizaines de milliers de dollars ont été investis pour deux nouvelles salles d’urgence et un centre de cancérologie. En même temps, Mme Gaudreault nous rappelle que ce qu’elle veut pour “les citoyens du comté de Hull” c’est que ceux-ci “puissent avoir accès à des soins de santé en tout temps et qu’ils puissent avoir accès à un médecin de famille”.

Sur quoi se base Mme Gaudreault pour prédire qu’un grand centre hospitalier ne pourrait être terminé qu’en 2025? À moins qu’elle ne se baserait sur l’élaboration tortueuse et désormais notoire de notre légendaire autoroute 50? D’abord, plutôt que de mettre les gens  - bénéficiaires et médecins - qui proposent des solutions aux défaillances du système de santé au défi, ne serait-il pas plus approprié que Mme Gaudreault elle-même explique en quoi les “dizaines de milliers de dollars” pour deux salles d’urgence ont réglé, ne serait-ce que d’un iota, les problèmes de santé “dans le comté de Hull”? Que fait-elle pour que soit pris en charge les nombreux patients orphelins? (Est-il de mise ici de rappeler que Mme Gaudreault a candidement avoué qu’elle a un médecin de famille...à Ottawa?).

La proposition mise de l’avant sur un grand centre ne précise pas ce qui adviendrait des deux autres hôpitaux. L’un n’exclut pas les autres. L’infrastructure et les instruments médicaux y sont déjà, sans doute pourraient-ils être utilisés à bon escient, répondant aux besoins d’une clinique multi-fonctionnelle ou de gérontologie ou autre? Il faut s’attendre que dès que l’on met de l’avant des solutions, le gouvernement et ses représentants réduisent les préoccupations exprimées en autant de dollars “qu’ils n’ont pas”. Et voilà le hic. La question demeure entière. Si la richesse sociale ne va pas vers répondre à un droit fondamental que nous avons en tant qu’êtres humains, celui de recevoir  des soins de santé dignes d’êtres humains et d’une société moderne, alors ou va-t-elle? Qui décide?

Loin de nous laisser décourager par les propos de la député du “comté de Hull” et autres “anonymes”,  nous devrions resserrer nos rangs et argumenter plus avant le bien-fondé social et économique de nos propositions et concrètement surmonter tout ce qui se pose en obstacle à un réseau public de santé digne de ce nom.