mardi 16 août 2011

Demander aux gens d’éviter les urgences, c’est pire que de demander au funambule de pratiquer sans filet


Lettre ouverte soumise au journal Le Droit - 16 août 2011

À Denis Beaudoin, Directeur du CSSSG

La période des vacances qui s’achève aura encore une fois été marquée par des débordements dans les urgences de vos hôpitaux, pire, par un avis de votre part demandant aux citoyens-nes de ne pas se rendre dans les urgences.

Les urgences : une soupape, un dernier recours.

Il faut le dire, l’état de notre réseau de la santé est mal en point et les salles d’urgence des hôpitaux sont la soupape de notre réseau sous pression constante et croissante. L’achalandage dans les urgences témoigne du manque d’alternative qu’ont les patients quand vient le temps de recevoir des soins.  
Au Québec, comme dans la majorité des provinces canadiennes, nous avons fait le choix de désigner les médecins comme la seule et unique porte d’entrée dans le réseau public pour un patient malade. En Outaouais, environ 100 000 citoyens-nes n’ont pas accès à un médecin omnipraticien. Ces personnes, lorsqu’elles sont malades, doivent évidemment se trouver une autre porte d’entrée. Il ne reste que deux options : les cliniques sans rendez-vous et les urgences. Sachant qu’il n’y a que trois cliniques sans rendez-vous et qu’il est souvent ardu d’y obtenir un rendez-vous dû aux obstacles à franchir (faire la file à 6 heures du matin et devoir refaire la file en après-midi par exemple) plusieurs ne voient pas d’autres options que de se tourner vers les salles d’urgence. C’est compréhensible.  

Cessez de demander aux gens d’éviter les urgences!

M. Beaudoin, nous trouvons inacceptable de demander à la population d’éviter les urgences. C’est pire que de demander au funambule de pratiquer sans filet, car lui au moins il a le choix, les patients qui souffrent eux n’en ont pas. Pour nous, c’est clairement une atteinte au droit à l’accès aux soins de santé, car nous craignons que vos appels à la retenue, contribuent à exclure, culpabiliser et mettre en danger les personnes les plus vulnérables qui ont réellement besoin de soins, « ceux qui n’osent pas déranger » dont, très souvent, le seul accès aux soins de santé est l’urgence de l’hôpital.

De plus vous entretenez l’idée fausse (mais tellement répandu) que la cause de l'engorgement des urgences réside dans un  «abus» du système, ce qui est faux. Encore une fois, la seule raison pour laquelle ces « pseudo-abuseurs » se rendent dans vos urgences, c’est que les alternatives sont pratiquement inexistantes.

M. Beaudoin, vous devriez plutôt ne rien dire et laissez les gens venir, et ensuite faites confiance à vos infirmières de triage qui,  sur place, informeront les patients de ce qu’ils doivent faire et des temps d’attentes. 

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