lundi 17 octobre 2011

Surmonter les obstacles pour l’accès au réseau public de santé


Au lendemain de la soirée de pré-lancement d’Action santé, le groupe Santé Outaouais 2020 annonçait qu’il souhaite voir la création d’un seul hôpital régional qui regrouperait sous son toit tous les spécialistes, ce qui, selon l’organisme, remédierait au manque de lits d’hôpitaux nécessaires pour soigner adéquatement la population. Santé Outaouais est constitué d’un groupe de médecins dont le président est le docteur Gilles Aubé. Selon ce dernier, une centaine de médecins ont signé le document en ce sens, lequel document sera soumis au vote mardi lors d’une assemblée générale des médecins, dentistes et pharmaciens du Centre de santé et de services sociaux de Gatineau (CSSSG). Jeudi soir, Action santé Outaouais mettait de l’avant en assemblée générale des recommandations dont celle d’une clinique médicale entièrement publique dans la région de l’Outaouais.

Les deux annonces ont ceci en commun qu’elles reconnaissent les sérieux problèmes qui tenaillent le système de santé dans l’Outaouais et mettent de l’avant deux propositions concrètes qui sont, selon leurs défenseurs, susceptibles de répondre davantage aux soins de santé de la population. Les réactions à l’annonce d’un “méga-hôpital” ne se sont pas faites attendre et étaient assez prévisibles. Les médias ont immédiatement “cité” un “spécialiste” qui a voulu conserver l’anonymat et qui prétend qu’une fusion des deux hôpitaux existants pour former un grand centre hospitalier est aujourd’hui “complètement utopique” et “irréaliste” sur le plan financier. La députée de Hull, Maryse Gaudreault, abonde dans le même sens mais avec un raisonnement un peu plus élaboré. Selon elle, il y a plus urgent. Ce qu’elle dit laisse songeur : “On parle d’un projet qui va être onéreux, qui ne pourrait peut-être pas voir le jour avant 2025, alors moi j’aimerais ça que le CMDP ( le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens) se penche plutôt sur les problèmes qui se passent aujourd’hui”. N’étant pas convaincue qu’un nouvel établissement “va régler les problèmes et améliorer les services”, elle met le CMDP au défi de se prononcer sur “la prise en charge des patients orphelins” et “les cliniques pour patients vulnérables”. Du même souffle, elle rappelle que des dizaines de milliers de dollars ont été investis pour deux nouvelles salles d’urgence et un centre de cancérologie. En même temps, Mme Gaudreault nous rappelle que ce qu’elle veut pour “les citoyens du comté de Hull” c’est que ceux-ci “puissent avoir accès à des soins de santé en tout temps et qu’ils puissent avoir accès à un médecin de famille”.

Sur quoi se base Mme Gaudreault pour prédire qu’un grand centre hospitalier ne pourrait être terminé qu’en 2025? À moins qu’elle ne se baserait sur l’élaboration tortueuse et désormais notoire de notre légendaire autoroute 50? D’abord, plutôt que de mettre les gens  - bénéficiaires et médecins - qui proposent des solutions aux défaillances du système de santé au défi, ne serait-il pas plus approprié que Mme Gaudreault elle-même explique en quoi les “dizaines de milliers de dollars” pour deux salles d’urgence ont réglé, ne serait-ce que d’un iota, les problèmes de santé “dans le comté de Hull”? Que fait-elle pour que soit pris en charge les nombreux patients orphelins? (Est-il de mise ici de rappeler que Mme Gaudreault a candidement avoué qu’elle a un médecin de famille...à Ottawa?).

La proposition mise de l’avant sur un grand centre ne précise pas ce qui adviendrait des deux autres hôpitaux. L’un n’exclut pas les autres. L’infrastructure et les instruments médicaux y sont déjà, sans doute pourraient-ils être utilisés à bon escient, répondant aux besoins d’une clinique multi-fonctionnelle ou de gérontologie ou autre? Il faut s’attendre que dès que l’on met de l’avant des solutions, le gouvernement et ses représentants réduisent les préoccupations exprimées en autant de dollars “qu’ils n’ont pas”. Et voilà le hic. La question demeure entière. Si la richesse sociale ne va pas vers répondre à un droit fondamental que nous avons en tant qu’êtres humains, celui de recevoir  des soins de santé dignes d’êtres humains et d’une société moderne, alors ou va-t-elle? Qui décide?

Loin de nous laisser décourager par les propos de la député du “comté de Hull” et autres “anonymes”,  nous devrions resserrer nos rangs et argumenter plus avant le bien-fondé social et économique de nos propositions et concrètement surmonter tout ce qui se pose en obstacle à un réseau public de santé digne de ce nom.

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