vendredi 30 mars 2012

Débrayage spontané des préposés-es aux bénéficiaires du CHSLD Le Foyer du Bonheur à Gatineau

Une trentaine de préposés-es aux bénéficiaires du CHSLD Foyer du Bonheur, un centre d’hébergement pour aînés sur le territoire du CSSSG, ont débrayé spontanément, le 4 mars dernier, lorsqu’ils ont constaté qu’il manquait quatre préposés-es pour répondre aux tâches de la journée. La surcharge de travail ainsi que comment cela affecte les soins aux aînés, un problème qui perdure et qui se détériore depuis de nombreuses années, était au coeur de leur action. Ces surcharges de travail mènent, entre autres, au surmenage et à l’épuisement professionnel, et affectent les soins prodigués aux aînés à qui les préposés veulent assurer les meilleurs soins dans la dignité de tous. Les préposés ont ainsi affirmé qu’en tant que travailleurs qui prodiguent des soins essentiels à une société moderne et en tant qu’intervenants de première ligne, ils ont un mot à dire sur la qualité des soins donnés ainsi que sur les conditions dans lesquelles elles sont données, les deux étant indissociables.

Les préposés ont ainsi audacieusement contrecarré la tendance de l’élite économique et politique à vouloir poursuivre leur désinvestissement dans le réseau public de santé et le renforcement du secteur privé des soins à but lucratif. En agissant, ils font la sourde oreille à tous ceux qui sont affectés par cette détérioration, y compris les patients et les familles des patients elles-mêmes. Certains, en plus de faire la sourde oreille, passent à l’offensive pour faire taire toute critique de leur système. En février, un dirigeant du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf - le premier centre d’hébergement et de soins de longue durée à être construit au Québec en Partenariat Public-Privé - a eu recours aux tribunaux pour réclamer 400 000$ à la fille d’une résidente qui avait critiqué les soins offerts par l’établissement. Il s’agirait de la première poursuite-bâillon (SLAP) en santé au Québec.

Aussi, les administrateurs de la santé publique n’ont pas attendu pour condamner l’action des préposés de Gatineau. La ministre responsable des aînés, Marguerite Blais, en visite dans l’Outaouais, a refusé de discuter de “la question des ressources humaines” dans les CHSLD de la région. Elle a par contre désapprouvé la manifestation spontanée des employés en disant qu’elle ne pense pas qu’on doit “prendre les aînés en otage”. Mme Blais croit qu’il y a “d’autres lieux que le CHSLD pour revendiquer”. Il est pourtant difficile d’imaginer quel lieu serait plus approprié pour exiger un personnel adéquat que l’endroit même où le problème se pose, d’autant plus que les “autres lieux”, sans doute les périodes de négociation et l’existence de comités paritaires employés/employeurs, font face à la même intransigeance.

Les gouvernements prétendent qu’une fois élus ils sont tenus de représenter “le peuple dans son ensemble”, mais à l’exception, de toute évidence, des femmes, des jeunes, des aînés et des travailleurs en général. Ceux-ci, par contre, assument leur responsabilité sociale, là où les gouvernements refusent de le faire, et veillent ainsi à la défense des droits de tous, ce que les gouvernements ont abdiqué de faire.
Pierre Soublière

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