lundi 21 mars 2011

Le colloque du PLQ - Un Québec en santé - Le document de travail est très inquiétant

Le dimanche 27 mars prochain, le Parti libéral du Québec (PLQ) viendra en Outaouais pour tenir un colloque sur le thème Un Québec en santé. Ce colloque est le troisième d’une série de 4. L’objectif de cette démarche est l’élaboration du programme politique du PLQ.

Le choix de l’Outaouais n’est pas anodin. Selon le ministre Bolduc, l’Outaouais est l’un des meilleurs endroits au Québec pour se faire soigner.. Étant donné que, selon Jean Charest, « il est incontestable que le Québec est parmi ce que l’humanité a de mieux à offrir », faut-il en déduire que l’Outaouais est le meilleur endroit au monde pour se faire soigner? J’imagine qu’il y a un lien entre ces affirmations et la nouvelle tendance croissante au tourisme médical ou de plus en plus de Québécois ont recours à des services de santé privés dans d’autres pays, dont l’Inde, le Costa-Rica, etc.

Selon le document de consultation du colloque, le diagnostic que fait le PLQ est clair : le système de santé se porte mieux depuis 2003, soit depuis l’arrivée des Libéraux à la suite du Parti québécois. Il s’appuie sur un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (l’ICIS) qui nous informait il y a quelques mois que le Québec est la province canadienne ou il y a le plus de médecins par habitant. À notre avis, ce seul critère témoigne du potentiel d’efficacité de notre réseau de la santé, mais n’est pas représentatif de la qualité d’accès aux soins de santé. En effet, ce que le PLQ ne dit pas, c’est que 30% des Québécois sont toujours sans médecins de famille et que sur le terrain en Outaouais, l’accès à des cliniques sans rendez-vous devient de plus en plus impossible. Il y a ici une réalité sur le terrain que le PLQ ne voit pas ou ne veut pas voir.  

Le recours aux ressources intermédiaires

Le document soulève l’enjeu de l’hébergement des personnes âgées en nous rappelant qu’il serait possible et pertinent de recourir davantage au secteur privé, donc aux ressources intermédiaires (RI). Il m’apparaît ici pertinent de rappeler ce que nous indiquait notre collègue de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et pré-retraitées (l’AQDR), M. Jacques Fournier :

Pourquoi le gouvernement favorise-t-il les RI (Ressources intermédiaires)? Parce qu’une place y coûte en moyenne 35 000 $ par an, comparativement à 60 000 $ pour une place en CHSLD. Comment cela est-il possible? Les employées des RI sont mal payées (à peine plus que le salaire minimum, souvent même sous le seuil de la pauvreté), elles sont souvent moins bien formées et elles sont en moins grand nombre que dans les CHSLD. La politique néo-libérale du gouvernement Charest est claire : il tolère et encourage l’accroissement des écarts de revenus entre les riches et les moins nantis en multipliant les emplois sous-payés. Tout cela sur un fond de discours catastrophiste : « Nous sommes en déficit, il y a de plus en plus de vieux, on n’a pas les moyens », alors que de nombreuses études, dont celles de l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS), entre autres, montrent qu’une taxation appropriée générerait des fonds suffisants pour offrir des services publics de qualité à toutes et à tous.

L’article d’Ariane Lacoursière de La Presse du 24 janvier dernier nous éclair beaucoup sur la différence de coût entre un CHSLD et une ressource intermédiaire, ces dernières ayant recours plus souvent aux services hospitaliers que les CHSLD, car les RI ont beaucoup moins d’effectifs médicaux sur place. Autrement dit, la facture des services médicaux pour les patients en RI, revient au système public.

Du côté des solutions envisagées par le PLQ, le document soulève quelques éléments intéressant, par exemple, une remise en question du mode de rémunération des professionnels de la santé (des médecins on espère), des transferts d’argent plus généreux aux proches aidants; lutte contre l’obésité et prioriser la prévention du suicide.

Les coopératives de santé : un modèle envisageable pour le PLQ?

D’autres pistes de solutions sont toutefois fort troublantes. Le PLQ, envisage de miser sur le modèle des coopératives de santé, qu’il considère comme un modèle à moindre coût. À moindre coût pour qui? Par cette piste de solution, le PLQ propose de refiler aux contribuables québécois, une partie des coûts relatifs aux cliniques médicales. Oui, car la rémunération des médecins omnipraticiens par la RAMQ, prévoit un 30% de majoration remise aux médecins en regard des frais d’opération en clinique. Dans une coopérative de santé, ce sont les membres cotisants qui assument ce 30%. Alors il est clair pour nous qu’une telle piste de solution permettra au gouvernement d’accroître la rémunération des omnipraticiens sans que cela lui coûte un sou. Une pierre deux coups pour le gouvernement, et un pas de plus dans la direction de la privatisation du financement des soins de santé. Devons-nous rappeler que le ministre Bolduc, en décembre 2009, se disait préoccupé par l’imposition de frais annuel dans les coopératives de santé.

Élargissement de l’assurance privée duplicative

Autre mesure allant dans le sens de la privatisation du financement, le gouvernement propose qu’il soit possible pour un patient de contracter une assurance privée pour obtenir des services actuellement couverts par la RAMQ. Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire? La question se pose, car il y a quelques années, le gouvernement Charest a fait adopter une loi (Loi 33) qui permettait l’assurance privée duplicative, pour trois types de chirurgies (hanche, genoux, cataracte). Cela veut dire que les québécois peuvent maintenant contracter une assurance privée pour ces trois opérations couvert normalement par la RAMQ. Doit-on en conclure que le gouvernement Charest veut étendre l’application de l’assurance privée duplicative à l’ensemble des soins couvert par la RAMQ? Il semble évident que oui. Qui tirera le plus davantage de cet accroissement de la privatisation du financement des soins de santé?

Le PLQ ignore l’évidence

Cette dernière solution nous semble d’une totale incohérence avec la réalité des véritables problèmes en matière de financement des soins de santé. Il est reconnu que la part du financement public attribué aux services médicaux et hospitaliers est relativement bien contrôlée. La part des dépenses en santé qui croît le plus de façon incontrôlée, ce sont les dépenses en médicaments. Or, on ne voit aucune piste de solution proposée par le PLQ qui concerne le contrôle des coûts en médicament.

Voilà bien un colloque sur la santé qui est lancé sur des bases peu crédibles.

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